Archives de catégorie : Scène Locale

By Pass – Frontier (autoproduit)

ByPass_FrontierSi pour vous le hip hop ne se résume plus qu’à de la trap avec un pauvre MC autotuné qui scande nerveusement des slogans dont les rimes tournent souvent autour de « ite » et « ulé », il est alors plus que temps d’écouter By Pass. Le collectif franco-américain (voir notre interview quelques pages plus tôt) se pose en digne représentant du boom bap des Gangstarr, ATCQ, Jurassic 5, Nas ou Wu-Tang Clan des années 1990/2000. Même si le genre n’est plus autant sous les projecteurs des médias, il continue bien sûr d’irriguer la communauté hip hop. Et sans la pression commerciale, il donne donc naissance à des disques encore plus libres ! Ce premier EP de By Pass réunit ainsi tout ce qu’on a toujours adoré dans le rap depuis les années 80 : des flows impressionnants de maîtrise, des acrobaties verbales façon Sages Poètes De La Rue côté Frenchy, des beats qui claquent, des basses qui écrasent et une mine de samples tous plus addictifs les uns que les autres. Autant dire qu’on attend avec impatience leur apéro-concert du 22 février au Chabada !

 

[bandcamp width=100% height=120 album=1268062218 size=large bgcol=ffffff linkcol=0687f5 tracklist=false artwork=small]

The Blind Suns bientôt de retour!

Si le trio avait un peu débuté fin 2014 comme une récréation en parallèle des carrières de Scarlet et Eagles Gift, le rayonnement de The Blind Suns a eu tôt fait d’éclipser les autres projets de ses membres Romain Lejeune (chant, guitare), Dorota Kuszewska (chant, guitare) et Jérémy Mondolfo (batterie). Après un premier album qui a créé son petit buzz dans le milieu pro, un EP produit par Clive Martin (Les Négresses Vertes, Dolly, Echobelly…) et déjà quatre tournées aux US, le trio angevin revient au printemps avec un nouvel album en avril. « Offshore » sortira en avril sur le label strasbourgeois Deaf Rock Records, produit par Charles Rowell, leader de l’excellent groupe californien Crocodiles (qui avait dépoussiéré les enceintes du Club du Chabada il y a quelques années avec un set totalement halluciné).

En attendant d’écouter ce deuxième album, The Blind Suns dévoilent un premier titre pétaradant, clippé par Benoit Aubert, où la surf/pop/shoegaze des Angevins touche encore dans le mille.

Si vous voulez en savoir plus, le trio s’est livré au site de Longueur d’Ondes: http://www.longueurdondes.com/2018/01/26/the-blind-suns-4/

Release Party angevine le mercredi 18 avril 2018 au Chabada.

Bentham – Jeune Vétér4n

Si vous lisez nos colonnes avec attention, le nom de Bentham ne vous sera certainement pas inconnu. Le jeune MC angevin a la dalle et surtout soif d’apprendre (il vient même d’intégrer le projet rap jeune public Les Frères Casquette, soit l’école artistique la plus exigeante du monde). Du coup, il en est déjà à sa quatrième livraison en trois ans. Et chaque disque le voit gravir quatre à quatre les marches vers l’étage supérieur. D’où ce titre de « Jeune Vétér4n » pour cette nouvelle salve. Il faut dire qu’il est bien aidé dans sa progression par un collectif de beatmakers surdoués qui lui assure des instrus imparables (cf. « Deuxième éveil » par Spectateur, « 20.17 » par Konixion, « Laury » par High Scream ou « Quitter le décor » par Soulsafir). Mais Bentham ne se repose pas que sur le talent de ses collègues et assure largement sa part du taf : la plume est aiguisée comme un rasoir et son flow est sans cesse mis à l’épreuve tantôt sur des rythmiques boom bap tantôt sur de la trap. Une chose est sûre : quand l’heure de Bentham viendra, il sera prêt.

« Jeune Vétér4n » est disponible sur toutes les plateformes digitales et un premier clip est visible ci-dessous.

Comme un Odor de souffre

Cette année, les 3 finalistes des Pays de la Loire du dispositif Buzzbooster sont invités à participer à une tournée en région «En Attendant HIP OPsession», qui passera notamment par le Chabada le 3 février prochain. Parmi ces 3 jeunes espoirs du hip hop de chez nous se trouve l’Angevin Odor qui commence à se faire une place dans le rap game. Sa trap mi-gangsta mi-consciente repose sur des instrus très soignés aux ambiances sombres et des textes qui ne se contentent pas de rimes faciles. L’avenir du rap local n’avait plus senti aussi bon depuis longtemps!

Emporté par La Houle

Si dans vos résolutions de nouvelle année, il y avait « écouter davantage de bonne musique », on ne saurait trop vous conseiller de vous jeter sur le premier album de La Houle, logiquement intitulé « Première Vague », qui sort aujourd’hui en CD et en digital via le label Beko. Le trio angevin exilé outre-manche y poursuit ses pérégrinations entre shoegaze et new wave chantée en français déjà entamées sur un premier EP l’an dernier (qu’on retrouve d’ailleurs en intégralité dans cet album).

Les compositions de La Houle ressemblent à un réveil au petit matin sur une plage, avec une légère averse qui cohabite avec les rayons du soleil, quand tout semble alors encore possible. On se laisse paresseusement emporter par les déluges de guitares sous acide, surfant au ralenti sur de vagues vignettes poétiques. On est bien.

On croise les doigts pour que cet excellent premier album leur ouvre les portes du prochain festival Lévitation!

[bandcamp width=100% height=120 album=1327596309 size=large bgcol=ffffff linkcol=0687f5 tracklist=false artwork=small]

By Pass : Rap Transatlantique

Quand à la fin des années 70s un bande de gamins du Bronx inventait le hip hop, ils devaient être peu nombreux à imaginer que des décennies plus tard cette musique créerait des ponts entre les artistes par dessus les océans. By Pass est un nouveau collectif incluant des rappeurs d’Angers et d’Austin. Rencontre avec Guitz (MC dans Nouvel R), doyen et instigateur du projet By Pass, avec une petite question bonus pour Blakchyl, rappeuse d’Austin.

Crédit Jaw

Crédit Jaw

Comment est née cette idée d’un projet collaboratif entre des rappeurs d’Angers et d’Austin ?

Guitz : Quand j’ai entendu dire il y a quelques années que des groupes angevins allaient partir à Austin dans le cadre du jumelage de nos deux villes, j’étais allé fouiller sur le Net pour voir si je trouvais des groupes de rap là-bas avec qui il aurait été possible de construire quelque chose. Mais je n’avais rien trouvé de très concluant. Il y a à peu près un an et demi, Lex’A, un des MCs intervenants en ateliers pédagogiques dans notre asso L’R de Rien, est venu me voir pour me dire qu’il avait eu la même idée, et qu’il avait trouvé des pistes pour un groupe intéressant, Mindz of Different Kind. Nous sommes allés écouter et chercher des infos sur le groupe. Artistiquement, ça nous a beaucoup plu, et en plus on s’est trouvés des tas de points communs dans la philosophie (ateliers d’écriture dans les prisons, actions pédagogiques, etc.). On a un peu eu l’impression de découvrir nos cousins texans. (rires) On les a donc contactés par mail pour leur proposer de faire quelque chose ensemble. Ils ont vite été emballés. En mai dernier, j’ai fait tout un périple américain avec ma copine pour nos vacances, et j’en ai profité pour faire une halte deux jours à Austin pour les rencontrer. Et c’est sûr que de voir les gens en vrai, ça a donné un gros coup d’accélérateur au projet ! Chacun s’est occupé de monter des petits trucs de son côté pour financer leur première venue en septembre dernier.

Quel a été le programme de cette première session ?

G: On les avait prévenus que ça serait chargé. Ils ont atterri le dimanche soir après 18h de voyage (dont une escale à Istanbul !). Dès le lundi matin, avec le décalage horaire défavorable dans les jambes, on les emmenait pour trois jours de résidence au studio Tostaky, grâce au Chabada qui soutient le projet. Personne ne s’est plaint, tout le monde avait envie d’être là, ça faisait super plaisir. On a monté notre set commun pendant ces trois jours. Au départ on pensait devoir beaucoup puiser dans nos répertoires respectifs, mais au final il y a quand même beaucoup de nouveaux titres spécialement composés ensemble. On les avait entamés avec des allers-retours sur le Net, et on a pu tout finaliser en studio à Angers. On terminait cette première résidence un mercredi soir, et le jeudi on avait trois concerts ensemble dans la journée ! Le reste de leur séjour a suivi le même rythme : boulot, boulot, boulot ! (rires)

Qu’est-ce qui a été le plus difficile et qu’est-ce qui a fonctionné tout de suite entre vous ?

G: On ne parle pas tous bien anglais dans l’équipe, et eux ne parlent pas du tout le français. Donc parfois la communication a été un peu laborieuse. Surtout au début en fait. Au bout d’un moment, comme chacun y met du sien, et beaucoup d’humour, ça coulait beaucoup mieux. Sinon, je pense qu’ils ont un peu trippé sur le travail qu’on demandait pour préparer le live. Chez eux, les concerts se font beaucoup à l’impro, au freestyle. Là, ils hallucinaient de nous voir répéter 10 heures par jour en résidence, à recommencer encore et encore telle phase ou tel mouvement sur scène jusqu’à ce que ça soit hyper carré ! On a pas mal échangé là-dessus, et je crois que tout le monde a gagné de l’expérience de l’autre. En fait, dès qu’on s’est retrouvés tous ensemble à rapper sur les instrus, tout est devenu très naturel. On parlait alors la même langue. On avait écouté les mêmes disques quand on était gosses, on se prenait des fessées en écoutant les flows des autres, et on devenait surmotivés pour le morceau suivant !

Crédit: Jaw

Crédit: Jaw

Autant de MCs sur une même scène, ça peut vite être compliqué à gérer, non ?

G: Il y a quelques années, avec Nouvel R, on avait monté le projet Hip Hop Kanou avec des rappeurs maliens. On était déjà 7 rappeurs sur scène. Donc j’avais beaucoup appris à ce moment-là. Cette expérience m’a bien servi pour By Pass. Je savais qu’il y aurait des compromis à faire, qu’il allait parfois falloir s’effacer, et que chaque intervention devait être réellement percutante. Tout le monde a vite intégré ces paramètres. Ca nous a aidés à travailler plus vite. Sur scène, il y aura donc les deux beatmakers qui gèrent les instrus en direct, et 7 ou 8 MCs suivant si tous les Américains peuvent venir. Ca tabasse bien ! (rires)

Tu peux nous présenter toute l’équipe d’ailleurs ?

Côté texan, ce sont donc les membres du groupe Mindz of Different Kind (MDK), soit trois rappeurs (Pip Demascus, Chi Clopz et BZA), une rappeuse (Blakchyl) et un beatmaker (FloBama) dont on a découvert en Septembre qu’il pouvait aussi super bien rapper ! (rires) Chez les Angevins, il y a Lex’A, Cerbère (de Cerbère & Makawa), un jeune MC vraiment très fort qui s’appelle Flo (Ar Mitik), et moi (Nouvel R) aux micros + Spectateur pour les instrus.

Le groupe se retrouve en Février ?

Le projet était conçu en trois étapes. La première en Septembre pour construire le set en commun, enregistrer les morceaux. La seconde en Février pour la sortie du disque et la tournée dans quelques villes françaises (Agen, Angers, Paris…) + pas mal d’actions pédagogiques dans des lycées angevins, et on espère la troisième étape au printemps au Texas pour se frotter au public de là-bas.

Blakchyl, ça doit être étrange de recevoir un mail de Français dont on a jamais entendu parler pour vous proposer de travailler ensemble ?

Blakchyl : C’est clair qu’on a eu un peu de mal à y croire au début ! (rires). Du moins, on ne savait pas trop ce qu’on devait croire, mais une chose est sûre, on était hyper excités à la fois de découvrir les détails du projet et de trouver des moyens pour le concrétiser. On ne connaissait pas grand chose au hip hop français avant de rencontrer les gars. On s’est vite rendus compte qu’en dehors de la langue dans laquelle on s’exprimait, on se retrouvait sur des tas de choses, que ce soit le fond ou la forme de notre musique. Au départ, il a fallu qu’on trouve nos marques mais plus les heures passaient dans le studio et plus on commençait à se sentir comme un véritable groupe uni, à chercher ce qui collerait le mieux au collectif plutôt qu’à la somme de ses individualités.

By Pass sera en concert au Chabada le jeudi 22 février 2017.

Un peu de Glass et beaucoup d’amour

A quelques heures de clôturer 2017, on ne pouvait que porter un toast à votre santé avec un peu de Glass et beaucoup d’amour, malgré le titre de ce nouveau morceau du groupe cold-wave angevin.

Nouveau morceau, oui et non en fait, puisqu’il s’agit de l’instrumental « Slow » qu’on entendait déjà sur le très bon album « Saudade » accueillant désormais la voix suave de Malika Nid El Mourid (Silent Sisters) en guest star, et rebaptisé pour l’occasion « No More Love ». Ca méritait bien un joli clip en sus!

Bonne année 2018 à toutes et à tous!

iNOUïS 2018 : Angers en force!

Excellente moisson pour la scène angevine lors des sélections régionales des iNOUïS 2018 du Printemps de Bourges : sur les 6 places disponibles, trois ont été décrochées par des angevins. Il s’agit de Rezinsky, Grise Cornac et Després, par ailleurs tous membres de l’Equipe Espoir Chabada ! Les 6 groupes se produiront lors de la finale régionale qui se déroulera, cette année, au 6 Par 4 à Laval, le 2 février 2018. On y sera pour les soutenir!!
[gdlr_space height= »20px »]
[gdlr_video url= »https://youtu.be/ENMrJoEwO4Q » ]
 [gdlr_space height= »20px »]
[gdlr_video url= »https://www.youtube.com/watch?v=YuVSjUgx81w » ]
 [gdlr_space height= »20px »]
[gdlr_video url= »https://www.youtube.com/watch?v=EZLMBRoOrw4″ ]

One, two, clips!

Même si la frénésie des fêtes de fin d’année est parfois forte, n’oubliez pas de prendre quelques minutes pour regarder les nouveaux clips de trois de nos groupes locaux: The Blind Suns et leur excellente chanson de Noël à l’américaine, Big Wool et sa magnifique « She » et enfin Wild Fox et son bad trip psychédélique.

VedeTT : Lucky Star

Son projet aura connu toutes les formes possibles (duo, quatuor, solo, trio…), et pourtant on reconnaît la patte de VedeTT au bout de quelques secondes seulement. Ça se confirme encore une fois avec ce très beau nouvel EP quatre-titres (à sortir le 8 décembre) qui devrait l’imposer un peu plus encore sur la scène nationale. Sa new-wave mélancolique a pris du corps et des tripes. Rencontre avec Florent Vincelot, aka Nerlov, chanteur, bassiste et âme pensante de VedeTT.

sceneloc-VedeTT-2018

Photo : Jérôme Sevrette

Ce nouvel EP se démarque assez radicalement de ton précédent album…

En fait, contrairement au premier album que j’ai composé seul, cet EP est le fruit d’un travail en trio. Comme ça fait un an et demi ou deux ans qu’on tourne tous les trois avec Stw et Simon, je leur ai proposé de participer à la composition. Du coup, fatalement, ils apportent leur son. Je suis arrivé avec assez peu d’idées de morceaux. On a composé à l’ancienne, en faisant tourner des plans en répète, en sélectionnant ce qui marchait, en l’améliorant, etc. Les gars ont donc apporté des idées qui ont donné naissance à des morceaux. Je devais donc pousser ma voix pour passer par dessus les autres instruments. On a ensuite enregistré au Love Island Studio, avec Stéphane Lefèvre et François L’Haridon, notre sonorisateur, qui est le quatrième membre officiel du groupe. Pour l’album, chez moi, je m’enregistrais tout seul, quand je sentais le bon mood. Je pouvais juste me permettre de murmurer pour la prise de chant, et ajuster ma voix ensuite au mix. Ça donnait un truc plus intimiste.

Du coup, sur scène, jusqu’à présent ils essayaient de coller à ce que tu avais composé seul chez toi ?

Oui, c’était l’idée au départ, mais très vite on a réarrangé les morceaux. Ça a pris une couleur shoegaze qu’il n’y avait pas autant dans l’album. Aujourd’hui, cet EP sonne beaucoup plus proche de ce qu’on peut faire en concert du coup…

Pourtant paradoxalement, je crois que vous les retravaillez à nouveau pour le live ?

Oui, Simon ne peut pas assurer certaines dates sur cette fin d’année 20017 donc on travaille une version avec boite à rythme sur scène, pour nous accompagner Stw et moi. C’est un exercice intéressant. J’aime bien l’idée d’avoir à composer en me séparant de tel ou tel instrument. Ca serait un gros délire que de réussir à composer sans guitare par exemple. Un peu à la manière de Future Islands qui n’a quasi pas de guitares, mais qui trouve des sons de remplacement grâce à des claviers de dingue ! Ça sonne rock sans les instruments habituels du rock. Je trouve que ça oblige à élargir son horizon.

D’ailleurs, le morceau « Eyes » offre pas mal de nouvelles perspectives. On y entend des cuivres !

J’ai grandi quand la scène ska-rock française était hyper populaire. Donc pour moi, les cuivres, c’était juste associé à un truc festif qui n’était pas du tout ma tasse de thé. Puis un jour j’ai entendu les disques « Amnesiac » et « Kid A » de Radiohead qui utilisent des cuivres d’une manière que je n’aurais jamais cru possible. Et ça m’a retourné. Ca donnait un truc majestueux, grave, ample. Depuis ce jour-là, j’ai toujours rêvé de pouvoir avoir un morceau avec des cuivres. Quand on a composé « Eyes », on s’est dit que le morceau s’y prêtait bien. Au départ, j’ai contacté Raggy, le saxophoniste de Zenzile. Mais il n’avait pas vraiment le temps sur cette période. Il m’a donc branché avec Babette de Des Lions Pour Des Lions. Elle est passée au studio, et elle a enregistré des trucs en direct sur l’ébauche de morceau qu’on avait : du trombone, des sax, de la trompette… Elle sait tout jouer ! (rires) Elle a carrément transporté le morceau ailleurs. On est hyper contents. J’ai toujours adoré les groupes qui réussissent à te surprendre d’un disque à l’autre, mais qui restent identifiables au premier coup d’oreille. J’aimerais beaucoup arriver à ça avec VedeTT. J’ai des tas d’envies différentes que je veux expérimenter sous ce projet ou sous un autre. En même temps, depuis le début, VedeTT a déjà connu plusieurs vies : en duo, en quatuor, en solo, en trio… De l’electro au rock. J’ai pas envie de m’interdire quoi que ce soit.

Auparavant, VedeTT était encore très confidentiel. Tu ne risquais pas de perdre beaucoup de public au fil des évolutions. Aujourd’hui, le groupe devient mieux identifié. C’est une pression ?

Je n’ai plus envie de m’en mettre en tout cas. Désormais, on sait où on veut aller et où on ne veut pas aller. On a arrêté les tremplins, les trucs comme ça. On n’a plus envie de faire des compromis –même parfois inconscients- pour plaire à tel ou tel qui nous dit qu’il faudrait faire ça ou ça pour que ça marche. On cherche des partenaires pour nous accompagner bien sûr. Mais des gens qui adhèrent déjà au projet. Pas des gens qui voudraient le transformer. Ce qui ne veut pas dire qu’on est rétifs à toute critique ou au dialogue. Mais c’est juste que désormais on est à un stade où le projet existe en tant que tel. On joue bientôt aux Bars en Trans. Ca va être chouette. Mais il y a quelques années, j’aurais peut-être attendu tout un tas de choses d’une date comme ça. Qui ne sont jamais venues comme on l’espérait. Du coup, désormais, on prend les choses comme elles viennent ou comme on sait les faire. Et les choses avancent d’elles-mêmes. Au fil des ans, on a su constituer une équipe (Echo Orange, notre label, et Laure Le Vavasseur, notre manageuse) qui nous accompagne, qui s’investit dans notre travail et qui croit en nous. C’est le principal.

Tu vas jouer en Suisse fin 2017 ?

Oui, c’en est un bon exemple. Ces dates, on les a trouvées grâce à une bookeuse suisse qui nous a vu jouer à Austin. Elle a trouvé ça super et nous a invités en Suisse sur quelques dates en décembre. C’est typique de la petite graine semée à un endroit qui donne des résultats où tu ne les attendais pas.

Est-ce qu’il y a des groupes dont tu admires le parcours ? Où tu te dis que ça serait une réussite si tu parvenais à ça avec VedeTT ?

Sans aller jusqu’aux gros mastodontes comme Radiohead, je me dis que ça serait génial de réussir à avoir le même destin que des gens comme Timber Timbre ou War On Drugs qui sont dans le circuit depuis une bonne dizaine d’années, et qui ont grossi doucement, au fil des concerts, des albums. Du coup, leur base de fans est solide et fidèle. Ce sont des gens qui aiment vraiment le projet du groupe. C’est pas un truc dont ils vont s’enticher un été parce que c’est la mode, et l’oublier du jour au lendemain. C’est le pire qui puisse arriver à un groupe, je trouve. Je vois bien comment j’ai déjà du mal à redescendre de mon nuage après une petite tournée de 3 ou 4 dates qui se passent bien. Je n’imagine même pas le calvaire que ça doit être de connaître le sommet rapidement et de tout dégringoler aussi vite. Moi, à partir du moment où les choses avancent toujours, je suis content. (rires)

CHRONIQUE DE DISQUE

Vedett – Losing All (Echo Orange)

Vedett_coverSon premier album, enregistré en autarcie totale, avait su toucher la corde sensible des médias spécialisés nationaux. L’autoproclamée spleen-wave de « Tuer les Gens » a surpris autant qu’elle a séduit. Florent Vincelot, aka Nerlov, la moustache qui se cache derrière VedeTT, revient donc en mettre une couche avec un nouvel EP enregistré avec le trio qui l’accompagne sur scène depuis deux ans. Et s’il avait commencé la phase de séduction en douceur, le bonhomme durcit désormais le ton sur ces quatre nouveaux morceaux. Oh, ne vous inquiétez pas, VedeTT chante toujours sa mélancolie sur des lignes de basses lancinantes et des nappes en clair-obscur. Mais le son est plus incisif, plus charnu. Le trio est habitué à jouer ensemble, et ça s’entend. La guitare pleine de reverb’ et les claviers angoissés lorgnent désormais sans fard sur le shoegaze (« Get Off The Road »). Et on ne peut pas ignorer ce magnifique « Eyes » et ses cuivres majestueux, qui déboulent dans le morceau quand on ne s’y attend pas, envoyant sur orbite un EP qui n’avait déjà pas besoin de ça pour être indispensable.